dimanche 4 novembre 2012

Petroplus : Mobilisation générale, le lundi 5 novembre

(Photo : Dvelec)


Article du site http://www.76actu.fr


Lundi 5 novembre, date limite fixée par le tribunal de Rouen pour le dépôt de nouveaux dossiers de reprise pour Petroplus. 2 000 personnes sont attendues devant la raffinerie.


Le mardi 16 octobre, le tribunal de commerce de Rouen prononçait la mise en liquidation de la raffinerie de Petit-Couronne, qui emploie 470 personnes. 


Après avoir écarté deux offres de reprise, les juges avaient néanmoins permis à d’autres éventuels repreneurs de « se faire connaître », avant ce lundi 5 novembre. « L’heure limite, c’est 17 heures », détaille Yvon Scornet, contacté par 76actu, ce samedi soir, mais « la raffinerie va vivre ! », répète-t-il.
« Ils ont pris la décision de nous tuer », lâchait le porte-parole de l’intersyndicale de Petroplus, face à un groupe d’une centaine de salariés réunis devant le tribunal de Rouen, le 16 octobre (notre article). Aujourd’hui, il veut y croire, « car d’autres repreneurs se sont manifestés », annonce-t-il.

« Le projet de NetOil est mieux ficelé »

Le pétrolier NetOil, notamment, dont la candidature à la reprise avait été rejetée, a rapidement exprimé son intention de présenter un nouveau projet, et « il est mieux ficelé », soutient Yvon Scornet.
« Net Oil serait un peu fragile financièrement pour démarrer, mais on préfère tenter notre chance que de voir la raffinerie fermer, insiste-t-il, en faisant les comptes : en additionnant les 470 emplois directs et les sous-traitants, la raffinerie fait vivre près de 2 000 familles ». 
L’espoir d’une issue heureuse, entretenu depuis des mois par des ouvriers engagés dans la lutte, avait été ravagé par cette décision du tribunal de commerce, mais les salariés ont néanmoins continué le combat. Et la mobilisation est toujours intacte.
À peine rentré du Conseil européen de Bruxelles, François Hollande s’était invité à la dernière minute à la réunion organisée à l’Élysée par un de ses conseillers avec l’intersyndicale ; le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a affirmé de son côté « être parti en chasse » d’un repreneur (notre article)

Ville morte à Petit-Couronne

Cette semaine encore, les salariés de Petroplus ont eu un nouvel entretien à Matignon, en présence de représentants de l’Élysée, et du Redressement productif.
« Il y a des gens dans l’usine qui craquent, c’est long ! Ils ont peur pour leur famille, leur maison… 70 sont déjà partis avec rien depuis le début de ce combat, dont certains avaient plus de dix ans d’ancienneté !, soupire Yvon Scornet, mais pourtant, la lutte continue ». 
« Ce lundi 5 novembre, ce sera ville morte à Petit-Couronne et Grand-Couronne. 2 000 personnes sont attendues devant la raffinerie », annonce le porte-parole de l’intersyndicale.
Le maire de Petit-Couronne a souhaité associer pleinement la Ville à l’opération proposée par l’intersyndicale, en fermant les accueils municipaux. La Ville a également invité les commerces à baisser leurs rideaux et a invité elle-même la population à se mobiliser devant la raffinerie pour un barbecue géant.
« Si la raffinerie ferme ses portes, ce sera 10 ou 15 % du chiffre d’affaires en moins pour les petits commerçants, souligne Yvon Scornet. Surtout les commerces de bouche, comme les boulangeries, les snacks et les traiteurs. L’impact ne se limitera pas aux salariés de Petroplus. Il faut comprendre que cela coûterait beaucoup plus cher à la France de fermer la raffinerie que de nous aider à vivre. » 

Grève dans l’ensemble des raffineries et dépôts de France

« On a reçu des centaines de messages de soutien. Les maires de la région seront là, ce lundi », poursuit-il. Lui sera à l’usine, « dès 4h30 »…
Dans le même temps, la Fédération nationale des industries chimiques CGT (Fnic) a lancé un appel à la grève de 24 heures dans l’ensemble des raffineries et dépôts de France, pour ce lundi 5 novembre, également.
« Un premier avertissement lancé en direction du gouvernement et des pétroliers », selon le secrétaire fédéral de la Fnic-CGT, Charles Foulard, reconnaissant que « les conséquences devraient être limitées sur l’approvisionnement » et qu’elles seront avant tout « financières pour les pétroliers ». 
Dans un communiqué, le syndicat dénonce les fermetures de raffineries de ces dernières années citant Total Flandres (fermé en 2010), Petroplus Reichstett (avril 2011) ou encore la mise en sommeil de la raffinerieLyondellBasell à Berre-L’Etang.

« L’attitude de Shell est ahurissante »

Mardi 30 octobre, l’intersyndicale et 200 salariés de Petroplus ont également été reçus par le président deShell, à Colombes, au siège de l’entreprise qui a été propriétaire du site pendant 80 ans, et qui avait proposé, en février dernier, un « contrat de processing » de six mois à Petroplus.
« Nous n’y allons pas pour discuter du “contrat de processing”, expliquait Yvon Scornet à 76 actu, avant le départ, mais pour dire à Shell qu’il va falloir prendre ses responsabilités, et cela quelque soit l’issue. Shell reste redevable de notre dette sociale. »
La direction de la filiale française du groupe pétrolier Shell indiquait, après l’entretien, espérer une « issue favorable » pour le site en liquidation, après avoir reçu la délégation de salariés.
« Nous comprenons les inquiétudes des salariés de la raffinerie Petroplus. Depuis janvier, Shellcoopère avec l’administrateur afin de faciliter la transition avec un repreneur. Nous continuons d’espérer une issue favorable », déclarait dans un communiqué Patrick Roméo, président deShell France
Le géant pétrolier anglo-néerlandais rappelait également avoir « prêté son concours au redémarrage de la raffinerie via la mise en place d’un contrat ayant permis la reprise des activités de la raffinerie », qui avait été mise à l’arrêt en début d’année.
Mais pour les salariés de Petroplus, le discours est moins optimiste.
« Cette réunion, à la demande de l’intersyndicale, aurait dû être constructive sauf que pour Shellil n’y a plus aucun lien entre la Société des Pétroles Shell et les salariés de la raffinerie de Petit-Couronne, qui, pour beaucoup d’entre eux ont pourtant travaillé plus de 30 ans avec la coquilleShell sur leurs tenues de travail et qui aujourd’hui encore, en processing, travaille pour Shell », tempête Yvon Scornet. 
« Cela est vraiment ahurissant ! L’implication de Shell dans le sauvetage de ses “ex-salariés” aurait permis à cette compagnie de faire preuve de responsabilités à la hauteur de ce qui devrait être son éthique », poursuit-il.
« Nous ne sommes pas là pour constater ce que Shell ne veut assumer mais pour redire qu’il lui appartient d’assumer ses responsabilités historiques. Dans cet esprit, nous avons demandé que s’ouvrent des discussions avec Shell, sous l’égide des pouvoirs publics, pour envisager toutes les pistes nécessaires et possibles. Notre détermination est totale comme l’est aujourd’hui notre volonté de dialogue. Cette demande a été transmise aussi lors de notre réunion à Matignon », indique Yvon Scornet.



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